Le début du mois de février a rappelé aux investisseurs que la volatilité n'appartenait pas au passé.
Rappel
Avant de revenir sur l'épisode du début du mois dernier, la chute brutale des marchés actions a permis de rappeler deux principes fondamentaux :
Le premier est un rappel : La volatilité ne suit pas une trajectoire linéaire, elle peut rebondir de manière brutale et inattendue. Dans le même temps, les gains réalisés depuis plusieurs mois, voire plusieurs années, peuvent s'évaporer en quelques jours, voire en quelques heures. Pour tous ceux qui ne sont que des investisseurs longs, et c'est la majorité, c'est un rappel. Lors de la construction d'un portefeuille, les corrélations entre les actifs qui le constituent, et l'évolution de celles-ci, sont essentielles pour sa robustesse. La construction du portefeuille est essentielle. Le budget de risque d'un portefeuille équilibré est principalement composé du risque provenant de l'allocation en actions. La volatilité du marché boursier est traditionnellement comprise entre 15 et 18%, 2017 s'est distinguée sur ce point. En parlant de corrélation, en février, et pour la première fois depuis de nombreuses années, les bons du Trésor à long terme n'ont plus offert de protection, les taux n'ayant quasiment pas bougé pendant la correction.
Le deuxième principe est que les fondamentaux économiques n'ont pas besoin d'être dégradés pour que le marché subisse une correction, voire un "bear market". Actuellement, la croissance est bonne, dans toutes les régions, la consommation est dynamique, le crédit se développe, la production industrielle revient, la confiance est en hausse. Dans le même temps, les banques centrales, à l'exception de la FED, continuent de déployer des stratégies non conventionnelles, ce qui, 9 ans après la grande crise financière, pourrait laisser penser qu'elles sont normales. Les bilans des cinq plus grandes banques centrales du monde ont augmenté de près de 20 % au cours de l'année dernière (graphique BCA). Les banques centrales sont dovish. Les liquidités sont abondantes. Enfin, les bénéfices des entreprises devraient croître entre 10 et 17 % en 2018. Le paysage économique et financier est tout simplement parfait.
Discipline
Le marché haussier que nous connaissons depuis 2009 est désormais ancien, et nous sommes très probablement plus proches de sa fin que de son début. Le stock de dette mondiale a encore augmenté de 50% depuis 2008, les valorisations sont historiquement élevées, même si elles ne sont pas encore à des niveaux records, les spreads de crédit sont faibles, et les taux sont encore à des niveaux sans rapport avec les fondamentaux.
Il est donc important pour tout gestionnaire et toute institution qui gère des portefeuilles pour le compte d'autrui d'avoir un processus de gestion très discipliné et factuel. Personne ne peut prédire les marchés, ni l'intensité des hausses ou des baisses. Le rôle des professionnels de l'investissement est de gérer au mieux leur budget de risque afin de pouvoir apprivoiser toute hausse de la volatilité. Pour ce faire, il faut pouvoir disposer d'un processus d'investissement discipliné et d'un ensemble d'indicateurs et gérer au mieux les corrélations et l'évolution de celles-ci. C'est le seul moyen d'être constant sur de longues périodes et d'obtenir des résultats conformes aux attentes des clients. A quelques exceptions près sur la planète, personne n'est capable de délivrer des performances positives indépendamment de l'évolution des marchés, ce que l'on appelle souvent le "rendement absolu". Il s'agit d'une escroquerie intellectuelle qui permet généralement au gestionnaire de prendre des commissions et au client de perdre ses illusions. Pour ceux qui en doutent encore, le timing est généralement la chance, oui la chance. Ne comptez donc pas dessus.
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