LSFIN. La nouvelle loi devrait aboutir à une professionnalisation du secteur Une évolution attendue par Jean-Sylvain Perrig, fondateur de Premyss
Leila Ueberschlag
La loi suisse sur les services financiers (LSFin), qui devrait entrer en vigueur fin 2019 - début 2020, soumettra les prestataires financiers à bon nombre de nouvelles obligations. «La nouvelle réglementation prévoit désormais que les intermédiaires financiers qui gèrent des portefeuilles en valeurs mobilières pour le compte de tiers formalisent et documentent leur politique d’investissement», explique Jean-Sylvain Perrig, fondateur du bureau genevois de consultant en performance et CIO externe Premyss.
Un cadre stricte
«Pour une petite banque privée, un gérant indépendant ou un family office, il s’agit de mettre en place la gouvernance qui permette d’obtenir de façon homogène des performances de qualité en relation avec les budgets de risque définis avec chacun des clients. C’est ce que propose Premyss, et à notre connaissance nous sommes les seuls en Suisse à offrir un tel service de consultance.»
Avant de fonder sa société en juin 2017, il a été responsable des investissements à la banque privée Edmond de Rothschild ainsi qu’à l’Union Bancaire Privée (UBP) et il possède plus de 25 ans d’expérience dans la gestion de portefeuilles de clients privés. «Ces changements législatifs forcent le secteur à se professionnaliser. Les intermédiaires financiers devront organiser leur gouvernance à l’interne, afin d’avoir des pratiques unifiées et cohérentes, pour que tout le monde travaille avec les mêmes principes et dans le même contexte», souligne-t-il. «La gestion, même personnalisée, devra désormais s’inscrire dans un cadre strict.»
La mission de Premyss, dans un tel contexte, est de permettre à ses clients de définir et de mettre en œuvre une gouvernance et une politique d’investissement. Ses services s’adressent aussi bien aux gérants, aux banques privées qu’aux caisses de pension. «Nous offrons deux axes de prestations différents: une mise en place de la gouvernance de la politique d’investissement - avec un suivi à chaque étape de la mise en œuvre - ainsi qu’un service d’expertise de portefeuille, afin de savoir si les résultats d’une gestion sont alignés avec les objectifs définis et s’ils s’inscrivent dans le cadre de la politique d’investissement.»
Il porte un regard positif sur les changements législatifs en cours: «Une approche quasi institutionnelle de la gestion s’impose de plus en plus. Une transparence accrue est positive pour tout le monde: les clients comme les intermédiaires financiers», relève-t-il. «Sans aller trop loin, il est normal que des règles soient établies quand on gère des centaines de portefeuilles. On doit amener de la valeur aux clients, mais on ne l’amène pas en faisant tourner les portefeuilles inutilement dans le but d’encaisser des commissions sur les transactions et en surreprésentant des produits maison ou des produits structurés bien margés, comme cela arrive quand la gouvernance n’est pas bonne», souligne-t-il. «La performance devient une commodité. Elle doit être de qualité, mais ce n’est pas pour elle que les clients étrangers viennent en Suisse.»
Dans la pratique actuelle, il regrette un manque d’initiatives et de créativité: «Il faut être davantage proactif dans la relation client, comprendre ses besoins et lui proposer des services étendus, en ayant recours à des spécialistes externes si besoin», commente-t-il. «Des services que le client sera d’accord de payer. Il faut trouver de nouvelles sources de revenus, car celles provenant de la gestion de portefeuille vont continuer de baisser. Dans un écosystème comme celui de la Suisse - avec des institutions solides et d’excellents spécialistes à disposition - il existe de nombreuses possibilités.»
Optimiste sur le futur
Si la place financière suisse va, selon lui, bien évoluer, cela prendra néanmoins du temps. «Il est difficile de changer un modèle d’affaires qui a plus de 50 ans. Avant, on se trouvait dans une industrie où l’information était compartimentée et cela est en plein bouleversement. Le périmètre d’activité et la manière de communiquer vont changer. Si l’on arrive à réaliser ces deux choses, je pense que l’on peut être optimiste quant au futur de la gestion privée en Suisse.»
Comments